22.3.07

La Nature en Afrique: trajets et projets

par Jean-Godefroy Bidima
Africa e Mediterraneo (Filosofia in Africa), Bologne, 2005, n°53.

Extrait:
(...)
A la fois à l’aise avec l’indicatif et le conditionnel présents, la Nature en Afrique n’est compréhensible théoriquement parlant qu’en dépassant d’une part les dualismes et les oppositions factices Nature vs culture, objectivité vs subjectivité, extérieur vs intérieur –, et d’autre part une fusion trop manifeste et de caractère magique entre l’homme et la Nature, la Nature et la culture. En Afrique, entre l’homme et la Nature, la Nature et la culture il n’y a ni scission, ni fusion mais com-position. N’étant pas l’un ou l’autre, ni même l’un et l’autre, mais plutôt l’un dans l’autre (l’Africain est dans – inest – la Nature), la
Nature et la culture s’expriment l’un par l’autre. C’est cette relation à la fois conjonctive et disjonctive qui rend possible le fait que l’Africain et la Nature co-naissent; c’est-à-dire naissent non pas l’un à côté de l’autre, mais l’un à l’autre. La question des rapports de la Nature et de la culture devient donc celle
de la co-présence, la Nature en Afrique n’est pas tout simplement, elle est co-présente (adest), l’Africain à son tour est co-présent à la Nature. Comment édifier les normes de cette co-présence et les formes de cette connivence? Tel est l’horizon.

Jean-Godefroy Bidima est professeur à la Tulane University de New Orleans, Faculty of Liberal Arts and Sciences. Il est auteur de Théorie critique et modernité négro-africaine: de l'École de Francfort à la «Docta spes africana», Publications de la Sorbonne, Paris 1993, et de La philosophie negro-africaine, PUF, Paris 1995

L'intégralité de cette réflexion ici

19.3.07

la "O" ECOLE ECOLO

Environment-friendly school funded by Oprah Winfrey...


SEVEN FOUNTAINS PRIMARY SCHOOL /South Africa

The Seven Fountains Primary School in Shayamoya, a remote town in KwaZulu-Natal, was funded by Oprah Winfrey, designed using environmentally responsible principles oprah celebrating at seven fountainsand was built with community participation. The school features some innovative green design ideas. As water supply to the area is irregular there is a rain water harvesting system and a water pump powered by children playing on the see-saw and merry-go-round.
They also use solar power and have a garden supplying vegetables for school meals. The school cost R12m, which is in line with the KZN Education Dept's budget for a school of this size.

Oprah, local dignitaries and the community came together in March 2007 to celebrate the school's official opening.
"Seven Fountains Primary School is a wonderful example of what a community can do when it comes together with a common goal to help educate its children," Oprah says. "Our intention is that this school design will serve as a template for other public schools in South Africa."

Seven Fountains serves as a model for future schools built in KwaZulu-Natal and throughout Africa. East Coast Architects from South Africa, selected to design and build the school, worked important sustainability features such as solar energy and water conservation into the new school and conducted workshops with students, teachers and parents.

Local resources were used whenever possible. About 250 people were employed during construction—all from the local area, where 65 percent of the population earns no monthly income at all.
Landscaped gardens supply vegetables and allow for students to learn more about agriculture, natural science and nutrition. Other innovative sustainable energy features include roundabouts to pump water, solar-powered streetlights and solar water heating.
Many unemployed mothers took an adobe brick-making workshop and were paid to make the bricks used for a special classroom.
In the multi-purpose classrooms, based on traditional design and built with indigenous materials, children will learn about their culture.






Seven Fountains Primary School began as a modest farm school and was one of the only schools in the poor, rural community of KwaZulu-Natal. When Oprah first visited, the school was in a building with no heat, imited running water and electricity, four toilets, dirt floors, no playground and broken windows. Despite these conditions, close to 1,000 eager children attended school.

Before, all meals were prepared using one pot. Now, the facility includes a kitchen where healthy meals can be prepared for all the students. With 25 new classrooms, three multi-purpose rooms, a library, a computer lab and sports fields, the new school represents hope for the children and families.





Source http://www2.oprah.com
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15.3.07

L´écologie barbare au moulin de la critique du productivisme

(11 mars 2007)
Le coup de gueule de Musengeshi Katata
Email: munkodinkonko@aol.com

A l´heure où notre équilibre écologique accuse des détériorations graves et menaçantes pour toute vie humaine sur terre, une nouvelle critique universelle fondée et conséquente serait-elle à mesure de pousser les aveugles et les bornés à changer, à voir enfin les choses plus « globalement » qu´ils ne l´avaient jusqu´aujourd´hui fait ?
Extrait:
Les cloches du changement sont-elles audibles pour tous ?


(...)

Et depuis l´annonce de cet épée de Damoclès qui pesait sur tous, la débandade autant chez les pauvres que les riches est grande : les uns se sentant empoisonnés vilement sans avoir à profiter des bienfaits du productivisme, les autres industrialisés et surproducteurs se demandent bien comment changer les choses pour ne pas avoir à subir les désagréments de leurs cheminées d´usines, de leurs circulations terriennes et aériennes effrénées. Oui, faut-il que les crevettes européennes soient envoyées par air au Maroc pour y être dépecées afin de revenir être vendues et consommées en Europe ? Ou encore : l´hérésie occidentale poussée à l´extrême par les américains dans la constructions de voitures ou d´automobile glouton de l´essence ou du diesel, et c´est dire polluant à loisir ; fallait-il continuer à vivre sur ce pied dépensier et destructeur des matières premières et de l´écologie ? Ou le Paris-Dakar poussiéreux, d´écologie douteuse, était-il encore honorable ?
(...)

Green Peace, les verts du monde entier et bien d´autres organisations écologiques avaient beau, depuis des années, attirer l´attention sur l´obscurantisme borné du productivisme occidental. Rien n´a changé. On entendait plutôt dire : « cause toujours, mon coco, tu m´amuses » Et maintenant que la facture est imminente, le retour en arrière est tout aussi difficile que le changement. Parce qu´en réalité l´occident se complait ou s´est ancrée de plus en plus dans ses politiques de croissances économiques engendrant une grosse bouffe à la consommation. Se retenir, devenir austère ou se modérer ; est-ce encore possible ? Combien de vacanciers occidentaux se priveraient volontairement de voler ? Un char de combat consommait en moyenne basse 120 litres de diesel aux cent kilomètres…Qui dit que les exportations doivent toujours avoir lieu, au détriment d´une décentralisation de lieux de production ?
Le grand dilemme se trouve entre les africains et les occidentaux, entre les riches et les pauvres, car ceux-là ayant pollué le monde entier depuis des siècles et bradé les matières premières du monde entier à loisir ; ils ne peuvent pas demander aux autres peuples de surseoir leur industrialisation pendant que l´occident, elle, continuait à surproduire et à empoisonner tout l´univers. Le pire était d´avoir fait croire aux africains qu´on invitait à venir faire leurs études en occident, que la technologie occidentale était sans alternative. Or, il faut bien le dire aujourd´hui qu´il faudra produire autrement, et que cette fameuse science ou technologie occidentale du maître est dépassée. Ou inadéquate à répéter si on veut se développer en polluant le moins que possible.
Exactement ce que je laissais entendre avec la critique objective de la connaissance et le rôle de l´intellectualité en société. Car selon toute évidence, on a laissé faire beaucoup trop de cochonneries vantées comme le sens logique et démocratisant des choses. Les pauvres africains ; à force de courir des mirages et de se laisser mener en bateau par la soit disante efficience technologique occidentale, ils semblent toujours chercher une 25ième heure. A peine avaient-ils assimilé quelques notions apparentes de la norme fuyante du maître, que celles-ci étaient déclarées inadéquates et changées ; à peine se croyaient-ils aux confins du progrès que celui-ci s´évanouissait dans un bon en avant. Fallait-il courir incessamment, la langue basse, plus trompé par les apparences que réalisé derrière un faux lièvre qui ne menait nulle part, sinon à l´impasse de l´essoufflé ? A mon sens une bien belle foutaise. Et on le verra bientôt que les sciences humaines autant que les sciences d´applications technologiques vont, Dieu merci, se libérer du dictat occidental et chercher des solutions de mieux en mieux adaptées non seulement à leurs milieux naturels d´exercice, mais aussi au respect de l´écologie mondiale.
C´est pourquoi j´exhorte les africains qui n´ont pas encore saisi la réelle portée des implications écologiques qui s´ouvrent devant nous à ne pas, comme par le passé, croire qu´il suffit de venir en occident prendre quelques diplômes pour rentrer en Afrique appliquer ou répéter ce qu´on a appris ou avalé. La science et la technologie sont des rapports de connaissances qui, tout en restant objectifs, scientifiques et universellement contrôlables, n´en sont pas immédiatement liées à leur milieux naturels d´application. Et il serait temps de trouver et de développer des solutions et des approches scientifiques nous libérant pas seulement du centralisme occidental, mais aussi permettant à notre créativité et nos particularités naturelles d´y trouver des projections rassurantes, conformes, pratiques et usuelles.
(...)

Muntu wa bantu, bantu wa Muntu

L'intégralité de cet article sur www.realisance.afrikblog.com

26.12.06

Lettre ouverte aux chefs d'Etat africains...

(23/10/2006)
Par Thierry Tene Mangoua
Consultant développement durable
Email : a2dconseil@yahoo.fr
Tel + 33 (0) 6 21 93 91 45

Source: grioo.com
Extrait:

LES PROBLEMATIQUES LIEES AU DEVELOPPEMENT DURABLE IMPLIQUENT UNE ATTENTION


Messieurs et Mesdames les Chefs d’Etats et de Gouvernements Africains, la rentrée scolaire et académique a eu lieu il y a quelques semaines. Dans le même temps nous sommes grâce à L’UNESCO dans la décennie de l’Education à l’Environnement vers un Développement Durable (EEDD). En effet, l’UNESCO a décidé de consacrer la période 2005-2015 à la sensibilisation à la préservation de l’Environnement et au Développement Durable. Le développement durable permet de répondre à nos besoins sans compromettre les capacités des générations futures de répondre aux leurs. L’Afrique a la particularité d’être l’un des continents où le pourcentage de jeunes est le plus élevé. Il semble donc important de sensibiliser cette jeunesse (qui représente la génération future) aux problématiques environnementales et de développement durable. La formation et l’information au développement durable est d’autant plus urgente que c’est l’Afrique qui subit et subira le plus les conséquences du changement climatique dont la fonte des neiges du Kilimandjaro et la disparition du Lac Tchad sont les exemples les plus marquants du réchauffement climatique sur le continent.
Mon interpellation sur cette question résulte d’un constat simple : Le développement durable et le changement climatique présentent de nombreuses contraintes (désertification, pollution, apparition de nouvelles maladies etc.) auxquelles le continent sera de plus en plus confronté et de nombreuses opportunités (Mécanismes de Développement Propre, écotourisme, commerce équitable, économie solidaire etc.) pouvant réduire la pauvreté qui mine l’Afrique.

L'intégralité de cet article sur www.grioo.com/info8233.html

25.12.06

ECOLE TAMMARI




par Sénamé Koffi AGBODJINOU.
Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris La Villette.



Dans le nord du Togo, voici une démarche architecturale qui allie réactualisation et valorisation du vernaculaire, implication communautaire et préocupations constructives écologique et économique...

PROJET DE CONSTRUCTION D’UNE ECOLE PRIMAIRE EN TERRE
PAYS TAMBERMA(Patrimoine Mondial de l'UNESCO)/ 2006


Complexe scolaire:4 salles de classes, administration, préau, bibliothèque, commodités


NOTE:

_l’« habitation » tamberma

L’être au monde
Les mortels habitent alors qu’ils sauvent la terre
Martin HEIDEGGER

Le Tamberma ne construit pas, il bâtit.
La philosophie de l’Habiter dans laquelle se manifeste le « bâtir » (Bauen), est, au sens heideggérien du terme, l’aménagement d’un séjour. Et « aménager un séjour », c’est : « prendre soin » (de l’être).
Le Tamberma est attentif au monde et aide le monde à être attentif à lui. Une approche qui se consomme jusque dans une mimésis aux « choses laissées libres ». Il est le monde et le monde est lui. Il est dans tout et tout est en lui.
Si donc, pour Heidegger « habiter » c’est « prendre soin », il est indiscutable que :
l’être au monde tamberma est une « habitation » du monde. Un acte bâtisseur…

L’édifice
Bâtir est édifier des lieux, qui « ménagent » une place au Quadriparti
Martin HEIDEGGER

Rien, mieux que l’architecture tamberma n’illustre cela.
Elle admet le Quadriparti, le réunit et l’installe :« sauver la terre, accueillir le ciel, attendre les divins, conduire les mortels »
L’omniprésence du matériau terre, les figures du ciel et de l’eau, l’incessante référence au sacré et le subtil traitement anthropomorphique, nous renvoient à la complétude que finit de clore, admirablement, le cercle.
Un « quadruple ménagement » qui est aussi « l’être simple de l’habitation ».
Ainsi, le Tata, de la relation de l’homme et de l’espace ne fait rien d’autre que :« l’habitation pensée dans son être ».

_L’école
Habiter, être mis en sûreté, veut dire :
rester enclos dans ce qui nous est parent,
c’est-à-dire dans ce qui est libre

Martin HEIDEGGER

En Afrique, dans la société de tradition, l’école a généralement dans la perception villageoise, figure de fissure. C’est La chose de l’extérieur à laquelle il faut confier les enfants. Elle a quelque chose d’« étranger ». Il s’agit de la démystifier, de la rendre banale. De la rendre normale. L’école : non plus une " fenêtre sur l’Occident" , un trou, mais un espace clos sur soi. Pour se découvrir (en découvrant l’Autre et le monde). Eviter donc, l'aspect institutionnel de l'école qui crée une barrière psychologique entre elle et les villageois. De fait, l’école doit être tamberma. On ne doit pas en parler. Elle doit venir de l’intérieur. Elle doit être transparente. Un « déjà là. » Il s’agit d’être humble. De garder le silence…

_Le parti pris esthétique
Nous assumons le face-à-face Terre/Béton. Il faut qu’ils se parlent. Que la courbe questionne la ligne droite. La beauté toute de sensualité de la terre et le fier hiératisme du béton, communiant dans l’acte poétique. Pathos et froideur. Mâle et femelle. Tout cela est africain. Ici, le référent moderne (le béton) aura statut de vestige, de trace…, comme recouverte, parasitée par la terre qui, elle, est actuelle . Entre les deux, la terre stabilisée (éco-béton), matérialisée dans la clôture, fait le grand écart; reliant (arbitrant ?) la nature et l’artifice.

_L’architecture de la signature
« Signer » l’espace et le temps. Annuler le vide.
Dans ce lieu, on n’est pas nulle part. On n’est pas ailleurs. On est en pays tamberma au XXIème siècle.
C’est une architecture qui situe et qui assume. Le Koutammankou est désormais "marqué".

_Une éthique…
… constituer à un peuple un patrimoine, son patrimoine à lui
De beauté, de force, d’assurance. Je ne vois pas d’œuvre plus digne
« paraclet », celui qui le hélant appelle un peuple à sa limite
le réveillant à sa force occulte !

Aimé CESAIRE (La tragédie du Roi Christophe)

Valoriser un patrimoine c’est donner au peuple, un motif de fierté. C’est l’amener à croire en lui. Il s’agissait pour nous, pour employer le terme de Césaire, d’en exiger « quelque chose d’impossible .» « Un patrimoine d’énergie et d’orgueil.» Le projet a été conçu comme un exemple pouvant faire prendre conscience à la communauté des mérites de ses modes originaux d’exister.

_Descriptif sommaire du projet

Conçu pour un effectif de 200 enfants en cours primaire et préscolaire.
Complexe scolaire : 4 salles de classes, bureaux, bibliothèque, préau, latrines écologiques. En milieu rural et s’inspirant d’une architecture vernaculaire de premier rang.
L’implantation de l’enceinte est faite de façon à ne pas briser la continuité physique, architecturale et écologique du milieu.
Le choix des composantes du système constructif est dicté par les contraintes locales tout en intégrant les techniques contemporaines de construction.
Le bâtiment d’administration construit en terre par la communauté même, est renforcé par une structure en poteau-poutres béton. « Visage » de la façade principale, cet impressionnant édifice en forme de tata tronqué qui héberge les bureaux, est un signal fort qui marque le lieu. La référence à l’architecture locale y est complètement assumée.
Les deux modules de locaux de classes disposés aux « flancs » de l’ensemble, sont la sécrétion d’une extrême économie d’effets. Dépouillés et robustes, ils sont construits avec des techniques d’agencement modernes.
Le préau, outre le fait de fournir en permanence un grand abri que ne manqueront pas de s’approprier les enfants, peut occasionnellement être transformé en lieu d’activités diversifiées : réfectoire, espace d’expression scénique (festival des arts et cultures tamberma en prévision), lieu de projection télévisuelle, etc. Son caractère « décloisonné » permet un nombre varié d’affectations. Il pourra aussi, si l’urgence le dicte, être converti en espace de cours.
Les 4 entités sont réunies de façon à définir un « cœur » convivial, et leur combinaison à l’intérieur de l’enceinte circulaire de 40m de diamètre crée des espaces libres qui pourront être aménagés pour servir de prolongement des classes, de jardins scolaires, d’îlots de culture et de démonstration, d’aires de travaux expérimentaux, ou au besoin accueillir de nouveaux locaux. Deux volumes indépendants (filles et garçons) hébergeant des latrines écologiques dont la configuration est adaptée aux formes locales, y ont d’ores et déjà trouvé emplacement.
Les larges toitures terrasses débordantes, constituent un élément primordial du projet, qui ancre encore plus l’ouvrage dans l’esprit de l’édifice tamberma (la terrasse étant à la fois l’élément caractéristique du Tata, et un espace de vie sans équivalent). Ces plates-formes en devenant accessibles offriront une remarquable aire de détente, et pourront servir d’espace de lecture ou d’exposition dans la mesure ou les bâtiments en prévision verraient le jour.
L’insertion harmonieuse dans le site est assurée par la discrétion du tout. Un discours qui ne rentre pas en contradiction avec la "massivité " des bâtiments. D’une assise très animiste…


_Importance du projet

Le contexte culturel traditionnel tamberma est classé patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 2003 pour une grande part du fait de son identité architecturale. La présente intervention a tenu à lui rendre hommage tout en faisant œuvre de sens.
La région, ciblée par les programmes de l’UNICEF et de l’Union Européenne comme étant une « zone d’intervention prioritaire », acquiert avec ce projet, un équipement éducatif pertinent. Mais la dimension éthique de l’ensemble est surtout manifeste dans la tentative de réponse à la double problématique de conservation et de Haute Qualité Environnementale. Il ne s’agit donc pas seulement d’un monument auguste en l’honneur de l’architecture tamberma, mais d’un édifice résolument contemporain aspirant à offrir des qualités de confort, d’usage et de vie acceptables.

La préoccupation de développement durable
En plus de chercher à valoriser un objet culturel relativement menacé, le projet est une tentative de construction à faible coût qui se propose de mettre à contribution des dynamiques locales. L’économie générale est recherchée dans le recours prioritaire à des matériaux disponibles et aux techniques indigènes.
Nous avons donc privilégié des matériaux naturels modestes (terre, bois, paille etc. jusque dans les travaux de revêtement : décoctions de néré, karité, etc.) et des matériaux « modernes » adaptés présentant le moindre risque, comme la terre stabilisée. L’« écobéton », matériau d’avenir en Afrique pour ses qualités économiques, écologiques, esthétiques et de confort, demande, dans les différentes phases de la mise en œuvre, une certaine rigueur et une réelle scientificité. Nous nous sommes adressé à des spécialistes pour l’évaluation de la terre, le dosage, le suivi de la production des briquettes et l’exécution des ouvrages dans le respect strict des règles de l’art.
La préoccupation bioclimatique est manifeste dans les choix de matériaux mais aussi dans les choix formels et d’agencement. Nous parlons bien ici de ce que André Ravéreau appellait : « l’intelligence des formes ».
Souhaitant, dans une perspective plus élargie de Haute Qualité Environnementale, prendre en charge les questions d’assainissement, nous avons tenu à doter l’établissement d’un ensemble de commodités à portée écologique. Les latrines, conçues sur le modèle « Ecosan », constituent un garantie de réduction des nuisances et de prévention des maladies généralement liées à la négligence des règles d’hygiène et excellent dans le traitement et la réutilisation en agriculture des déchets solides et liquides. Le CREPA intervient pour la fourniture d’un ensemble d’infrastructures d’assainissement (urinoirs, lave-mains, points d’eau), la formation, l’assistance à l’installation des équipements d’assainissement et pour les toutes premières opérations de sensibilisation et d’éducation à l’hygiène en milieu scolaire.
Mais, bien plus que les dimensions économique et écologique, c’est l’aspect social qui dans ce projet se révèle le plus marquant.


Construire avec le peuple
Le rêve de Hassan FATHY. Une nécessité Tout geste qui s’inscrit dans une configuration admise comme haute manifestation de l’esprit et de l’expression humaine, doit être mûrement réfléchi pour en rester respectueux. Quoi de mieux alors, que du génie et des forces locales, d’en faire le moteur, surtout quand, comme dans le cas présent, il s’agit d’un équipement communautaire réclamé par elles mêmes. Nous avons donc tenu à faire construire une partie de l’édifice (l’administration) par les villageois eux-mêmes. Ils ont la responsabilité de son entretien et cela participe de l’appropriation continuée du projet. L’implication de la communauté étant totale, le projet travaille à faire tomber les réticences habituelles envers l’école.
Nous assurons aussi dans le cadre de cette unique expérience, la transmission des savoirs, l’éveil et la sensibilisation de la communauté à la pertinence de ses acquis.
Il s’agit aussi ici, de la recherche d’une utilisation contemporaine d’un langage traditionnel. Œuvre d’actualisation donc, de détournement aussi, mais surtout de préservation.


La question du patrimoine
Le projet a l’ambition de montrer que des savoir-faire traditionnels peuvent être adaptés à un usage dit moderne. Nous sommes persuadé, que c’est là le véritable garant d’une réelle préservation. Celle qui prend d’évidentes libertés avec l’esprit muséificateur, qui sur le terrain montre certaines limites et entre en franc conflit avec la notion de "Biens Sociaux et Humains que l’UNESCO depuis 1999 a intégré à l’ensemble des biens patrimoniaux à préserver. Nous touchons là du doigt, la problématique de la conservation du patrimoine immobilier habité.
Notre démarche implique donc une évolution. Aussi, la construction de l’Ecole primaire publique de Koulangou participe, de la très souhaitable évolution d’une corporation de maçons traditionnels vers une corps professionnel de bâtisseurs tammari et d’une volonté de documentation permettant de passer d’un ensemble connaissances non écrits vers un savoir documenté et scientifique.





Photos du chantier:

















































DONNEES DU PROJET:

Situation:
Koulangou, pays tamberma, TOGO, Afrique de l’Ouest
Site Koutammankou, Patrimoine mondial de l’UNESCO
Surface de la construction:
environ 1200 m2
Budget:
50 000 euros

Bénéficiaire:
La communauté du village de Koulangou, Togo

Initiative/ Maîtrise d’Ouvrage:
Lucille REYBOZ
Financement:
Fondation Barbier-Mueller

Projet architectural/Maîtrise d’Oeuvre/Conduite de Chantier:
Sénamé Koffi AGBODJINOU
Conception 3D: François Johannes CODJO

Artisan:
Pierre N’KOUE, Maître maçon
Entreprise:
ENTROTA Togo
Consultants:
CREPA Centre Régional pour l’Eau Potable et l’Assainissement,
(Expertise assainissement écologique en milieu scolaire)
CCL Centre de Construction de Lomé,
(Expertise matériaux locaux améliorés)
CRATerre - Programme AFRICA 2009,
(Questions du patrimoine)


Publication : D'Architectures n° 159 Novembre 2006 Dossier " L’engagement humanitaire par l’architecture "